Côte d'Ivoire Un peu d'Histoire |
Le décret du 10 mars 1893 érigea la Côte-d'Ivoire en colonie française et en délimita les frontières. Binger en fut le premier gouverneur. Les Français se heurtèrent à la résistance farouche des populations, qui utilisèrent les tactiques de la guérilla; les foyers d'opposition furent réprimés de manière brutale et les différentes régions de la Côte-d'Ivoire ne furent conquises qu'une à une. La France dut même avoir recours à l'aide britannique pour anéantir le nouvel empire de Samory Touré, qui ne fut vaincu qu'en 1898 et déporté au Gabon, où il mourut en 1900. Les principaux chefs de la résistance furent tués ou déportés. À partir de 1908, le gouverneur Angoulvant élabora un plan de «pacification» définitive. La supériorité en armes des Français explique leur victoire. Active jusque vers 1915, comme lors de la révolte des Abbés en 1910, la résistance des populations devint passive par la suite (refus de payer l'impôt, sabotage des cultures obligatoires, fuite de villages entiers à l'extérieur de la colonie...).
En 1900, les frontières de la Côte-d'Ivoire étaient proches du tracé actuel, hormis dans le Nord, auquel fut intégrée la haute Côte-d'Ivoire.
En 1905, les Français rattachèrent la Côte-d'Ivoire à l'AOF. Ils choisirent successivement Grand-Bassam jusqu'en 1900, Bingerville jusqu'en 1934, puis Abidjan comme chef-lieu de la colonie. La France commença également la « mise en valeur économique » du pays, qui fut confiée à de grandes compagnies comme la SCOA, la CFAO et les établissements Peyrissac. Les colons aménagèrent la côte (Port-Bouêt, Grand-Bassam), construisirent des wharfs et développèrent quelques infrastructures routières et médicales, en particulier dans le sud-est du pays; ils favorisèrent la mise en place d'une agriculture d'exportation basée dans les premiers temps sur l'huile de palme et le caoutchouc. L'Ouest (dont la population est principalement bété) et le Nord furent par contre négligés par les administrateurs français. L'originalité de la colonie, qui ne fut totalement pacifiée qu'en 1915, résida dans l'apparition d'un important groupe de planteurs africains qui développèrent, dès les années 1920, la culture du cacao. De nombreux exploitants agnis possédaient des plantations de plusieurs dizaines d'hectares, sur lesquelles ils employaient des travailleurs issus d'autres ethnies. Dès la fin des années 1920, les premières associations de planteurs s'organisèrent. À la collecte des produits de la cueillette (huile de palme, cola, bois, caoutchouc) succéda, dans les années 1930, une économie de plantations, européennes mais aussi « indigènes », dont les productions majeures étaient déjà le café et le cacao. Dès le début du XXe siècle, grâce aux financements dégagés par l'impôt et grâce au travail forcé, les Français avaient construit les infrastructures de communication nécessaires à l'évacuation des produits vers la côte: réseaux ferré et routier. Ces investissements se poursuivirent jusque dans les années 1950: le port d'Abidjan ne fut achevé qu'en 1952.Au cours des deux guerres mondiales, les Français mirent abondamment à contribution leurs colonies: ils recrutèrent un grand nombre de soldats en Côte-d'Ivoire, accrurent le travail forcé et exigèrent la fourniture gratuite de certains produits comme l'huile de palme et le caoutchouc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pression économique et le durcissement du régime provoquèrent le mécontentement croissant de la population et la montée du nationalisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'économie de plantation s'étendit à l'ensemble du territoire forestier; de nouvelles ethnies, tels les Baoulés et les Dioulas, s'y adonnèrent.
En 1945, pour la première fois, la Côte-d'Ivoire participa aux élections françaises.
Le Baoulé Félix Houphouët-Boigny, qui dès 1932 avait pris la présidence d'un syndicat de planteurs de cacao – le Syndicat agricole africain (SAA) – embrassa sans tarder une carrière politique. Lors de l'élection d'une commission municipale pour Abidjan en 1945, il fut élu à la tête d'une liste exclusivement constituée d'Africains.
Dans le cadre de la politique de libéralisation du régime colonial, la France, en 1945, accorda aux «sujets» ivoiriens le droit de désigner leurs représentants à l'Assemblée nationale; Houphouët-Boigny y fut élu, et siégea au côté du Sénégalais Léopold Sédar Senghor.
D'autres hommes, tel Ouezzin Coulibaly, se joignirent à la lutte politique contre les abus de la colonisation. À cette fin, ils s'appuyèrent sur l'action des mouvements syndicaux et sur les partis politiques français, avant de créer leurs propres partis. Dès 1945, le SAA et les «groupes d'études communistes» fusionnèrent pour former le Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI), section ivoirienne du Rassemblement démocratique africain (RDA).À ses débuts, le PDCI était favorable à la création d'une fédération franco-africaine regroupant les différents peuples de l'AOF; il devint rapidement l'un des partis les plus influents du Rassemblement démocratique africain (RDA), fédération panafricaine constituée au congrès de Bamako, en octobre 1946, sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny.
L'action des dirigeants nationalistes en France et celle des populations en Côte-d'Ivoire contribuèrent de manière déterminante à la marche vers l'indépendance.
De 1946 à 1950, le RDA s'allia au Parti communiste français, le plus opposé à la colonisation, et dut faire face à la répression de l'administration coloniale. Le 6 février 1949, à la suite d'une manifestation à Treichville, faubourg d'Abidjan, les dirigeants du PDCI furent arrêtés: un groupe de femmes organisa alors une grande marche sur Grand-Bassam, où se trouvaient les prisons.
En 1952, le Code du travail d'outre-mer accorda aux Africains les mêmes droits qu'aux travailleurs français (congés payés, allocations familiales, travail hebdomadaire de 40 heures). Dans les années 1950, l'alliance PDCI-RDA redéfinit ses orientations : ce fut le «repli tactique» (coopération avec la France, rejet de la solution révolutionnaire, négation de la lutte des classes, soutien à l'initiative privée, locale et étrangère).
Félix Houphouët-Boigny devint ministre du gouvernement français (1956-1959), puis président du grand conseil de l'AOF (1957).Houphouët-Boigny devint alors le chef charismatique et populaire qu'il est resté longtemps: ministre du gouvernement français, il attacha son nom à la loi qui supprima le travail forcé en Afrique et collabora à l'élaboration de la loi-cadre de 1956 qui donna aux Ivoiriens le suffrage universel et le pouvoir exécutif aux assemblées territoriales, jusqu'alors dominées par le gouverneur.
Aux élections de 1957, le PDCI remporta une victoire complète qui élimina de la scène politique tous les partis ou groupes suscités par l'administration coloniale. La Constitution française de 1958, enfin, transforma l'Union française en une « Communauté française » et fit de la Côte-d'Ivoire un territoire autonome, non encore indépendant.
Soumis à référendum, le projet recueillit 99,9 % d'avis favorables en Côte-d'Ivoire. L'assemblée territoriale s'érigea aussitôt en Assemblée constituante (4 décembre 1958) et, dès le début de l'année suivante, proclama la République de Côte-d'Ivoire. Celle-ci devint un État souverain le 7 août 1960. Le 27 novembre 1960, le PDCI remporta largement les élections législatives et présidentielles, et Houphouët-Boigny devint président de la République.
HISTOIRE de la CÔTE D'IVOIRE suivant Bordas Multimédia
Des migrations mal datées amenèrent dans la région, avant le XVe siècle, des populations appartenant surtout au groupe linguistique akan. Les entités politiques, de petite taille, étaient assimilables à des cités-États où le pouvoir revenait à des associations politico-culturelles.
Des liens avec les voisins Achantis existèrent au XVIIIe siècle et les Baoulés s'organisèrent même en royaume sous la houlette d'une princesse ashanti dissidente. En lisière de forêt, au contact des routes caravanières soudanaises, des marchés écoulaient sel marin, cola et or. Les Sénoufos, les Baoulés et les Agnis possédaient une statuaire raffinée, témoin de leur vitalité culturelle.
Après les premiers contacts avec les Portugais, au XVe siècle, la côte reçut le nom de «Côte des dents», puis de Côte-d'Ivoire. Les Français y établirent des comptoirs, mais ne reconnurent l'intérieur du pays qu'en 1887-1889, lorsque Louis Binger rejoignit Grand-Bassam après avoir exploré la boucle du Niger.
En 1893, la colonie de Côte-d'Ivoire fut fondée et fut gouvernée par Binger. La «pacification» ne fut totale qu'après la reddition de Samory Touré en 1899 ; la colonie fut alors intégrée à l'Afrique-Occidentale française. De 1932 à 1947, le rattachement du sud-ouest de la Haute-Volta à la Côte-d'Ivoire inaugura une tradition d'émigration des Voltaïques vers les plantations ivoiriennes de cacao et de café, les deux principales cultures d'exportation.
L'indépendance, proclamée en 1960, révéla la personnalité de Félix Houphouët-Boigny, homme politique brillant. Les planteurs constituèrent sa clientèle politique après son élection à la présidence de la République en 1960. Le «miracle ivoirien», fondé sur l'agriculture d'exportation et l'industrie légère, fit alors du pays un des États les plus modernes d'Afrique de l'Ouest. Mais l'effondrement des prix des matières premières dans les années quatre-vingt l'a appauvri et a contribué à révéler un malaise politique.
Toutefois, malgré une vive contestation de la part de la jeunesse et la légalisation des partis d'opposition, le président Houphouët-Boigny et le parti au pouvoir ont remporté les élections en 1990............
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